Harcèlement à l’école : mettre fin à l’hyprocrisie

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Un article du groupe thématique Éducation

Jeudi 9 novembre 2023 est la journée nationale de lutte contre le harcèlement à l’école. Depuis le début de l’année 2023, plusieurs suicides d’élèves ont été relayés dans les médias et ont suscité l’émotion : Lucas le 7 janvier, Lindsay le 12 mai et Nicolas le 5 septembre 2023. À chaque fois, les proches ont dénoncé des faits de harcèlement et l’inaction des autorités au sein de l’Éducation nationale. 

Des mesures sans moyens. Pap Ndiaye, puis Brigitte Macron, Elisabeth Borne et ces derniers jours Gabriel Attal ont multiplié les effets d’annonces et les plans interministériels : signalement systématique aux procureurs des cas de harcèlement, changement d’établissement pour l’élève qui harcèle, questionnaire en classe, formation des  conseillers principaux d’éducation (CPE) et des chef·fes d’établissements, généralisation du programme Phare… Or, quand on regarde avec attention ces mesures, on constate qu’aucun moyen supplémentaire n’est prévu.

Des chiffres. Selon un sondage publié il y a deux jours pour l’association Marion la main tendue, entre 16 % et 19 % des collégien·nes et lycéen·nes ont subi du harcèlement à l’école. 53% des élèves harcelé·es indiquent que ces violences ont été subies au collège, 28 % en primaire, 6 % au lycée et 13 % à plusieurs moments de la scolarité. Les trois quarts des sondé·es ne connaissent pas l’existence du numéro d’aide aux victimes. 65% des enseignant·es affirment qu’ils et elles ne se sentent pas équipé·es pour prévenir ou gérer une situation de harcèlement et 45 % ne savent pas si leur établissement fait partie du programme Phare. Il est ainsi évident que les annonces du Gouvernement ne permettent en rien de lutter contre le harcèlement : sans formation des élèves comme des personnels, sans moyens humains dans les établissements, tout est hypocrisie.

Un quinquennat pour rien. Le droit à suivre une scolarité sans harcèlement figure dans le code de l’éducation. La loi du 2 mars 2022 visant à combattre le harcèlement scolaire d’E. Balanant (député Démocrate) a ensuite créé un délit de harcèlement scolaire dans le code pénal, dont l’auteur peut être un élève comme un personnel de l’établissement, puni de trois ans d’emprisonnement et de 45 000 € d’amende et jusqu’à dix ans d’emprisonnement et 150 000 € d’amende lorsque les faits ont conduit la victime à se suicider ou à tenter de se suicider. La formation continue des personnels n’est pas obligatoire mais seulement « proposée ». Dans le projet de loi de finances en revanche, aucun poste de CPE supplémentaire pour renforcer les équipes de vie scolaire au collège. Le nombre d’assistant·es d’éducation (AED) est en baisse (plus de 1 000 emplois disparaissent). Les suppressions d’enseignant·es ont dépassé les 10 000 postes dans les établissements publics. Le Gouvernement prétend donc combattre le harcèlements en milieu scolaire… avec moins d’adultes auprès des élèves.

Nos propositions sont défendues lors de chaque loi de finances et rejetées par la droite, l’extrême droite et les macronistes. Nous voulons au contraire recruter 8 000 conseiller·es principaux·ales d’éducation et garantir la présence d’au moins un CPE à plein temps dans chaque établissement (deux en éducation prioritaire). Nous souhaitons renforcer les équipes d’AED, en particulier dans les établissements d’éducation prioritaire (REP). Depuis 2017, on compte près de 1000 personnels de santé de moins. Un plan à la hauteur doit prévoir l’embauche de 6 000 médecins, infirmier·es, psychologues scolaires et assistant·es sociaux·ales. Nous défendons enfin un plan de lutte contre le harcèlement en milieu scolaire et les violences verbales et physiques, avec, notamment, des formations pour l’ensemble des personnels, des temps de concertation et des actions de sensibilisation auprès des élèves.

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